Marie-Claire ou une vie d’expatriée active et épanouie
Après avoir téléchargé l’ebook « comment faire pour être une femme active et épanouie en expatriation ? » Marie-Claire m’a envoyé un email : « merci Delphine, j’ai été une épouse expatriée et épanouie toute ma vie, On est de retour au village mais on bouge encore beaucoup. Je suis curieuse de découvrir ta vision des choses. ». C’est par ces mots que Marie-Claire et moi-même sommes rentrées en contact d’abord par email puis de vive voix.
Marie-Claire est diététicienne, maitre de reiki et diplômée en hypnose. Elle est également une grand-mère coquette et pleine de vie de 11 petits enfants qui a vécu toute sa vie en expatriation. Son mari et elle-même sont revenus s’installer en Belgique depuis 4 années. Active encore et toujours, elle continue à s’investir dans ses passions et souhaite aujourd’hui transmettre ses connaissances et son expérience. Comme elle le dit « L’expérience est « une lanterne qui éclaire le chemin, malheureusement on la porte dans le dos ». Alors, j’espère que si vous me suivez, la lumière de mon parcours pourra faciliter le vôtre ». Retrouvez-la à travers son blog www.undemisieclederecettes.blogspot.com, son site www.afriquartquilt.be
Quelques chiffres…elle a :
- Vécu dans 12 pays (principalement Afrique du sud, centrale et de l’est, Maroc, Philippines et Argentine)
- Visité 32 pays
- Habité dans 75 maisons
Sur quels éléments se basent Marie-Claire pour dire qu’elle a été une femme active et épanouie toute sa vie ? Parcourons…
Transformer les contraintes de la vie en opportunités ou comment cultiver sa liberté de choix
Marie-Claire n’a pas eu à choisir, l’expatriation a été son mode de vie dès sa petite enfance…A l’âge de 6 ans, elle quitte la Belgique pour aller vivre avec sa famille au Congo. A 19 ans, elle se marie et entame sa vie de femme expatriée.
Partis souvent avec des organisations ou des entreprises, ils ont aussi fait le choix de s’expatrier par euxmêmes à plusieurs reprises.
Quelques exemples…Venue visiter son fils en Afrique du sud pour les vacances, Marie-Claire propose à son mari de venir s’y installer. Ils y resteront quatre ans. L’avenir du pays devenant incertain, ils décident de tout quitter pour l’Argentine. Pourquoi l’Argentine ? « Aux Etats-Unis, c’est difficile d’immigrer. Les sud-africains partaient principalement en Nouvelle Zélande mais il y pleut beaucoup. En Australie, le visa est également difficile à obtenir. Au Canada, il y fait trop froid, alors pourquoi pas essayer l’Amérique du sud »
Leur objectif en Argentine? « Comme des soixante-huitards attardés, nous pensions pouvoir vivre en autarcie en achetant une finca (une ferme) avec des bungalows que nous pensions loués. Hélas, tout ceci a vite pris court : escroqués par le consul de Belgique, volé à plusieurs reprises, ayant subis des attaques à mains armées et le kidnapping de mon compagnon, nous avons fait nos bagages. »
Marie-Claire a vécu des périodes très positives et épanouissantes comme à Kigali ou aux Philippines entre autre. Elle a également connu des contextes de vie difficiles (au Tchad avec le début de la guerre, en Afrique du sud avec des consignes de sécurité très strictes au quotidien : port d’une arme à feu, un bouton « panic button » autour du cou en permanence) et des épisodes de vie forts (expulsée du Rwanda parce qu’elle n’était pas mariée par exemple)
Quand je lui ai demandé quels étaient ses moteurs pour continuer à avancer dans sa vie, ses projets, elle m’a répondu que « Le virus de l’expatriation et des voyages est un des moteurs qui m’a motivée pour continuer ce chemin » et « Heureusement la soif d’apprendre est une bouée de sauvetage toujours disponible. Changer de pays et se forcer apprendre d’autres langues, quel plaisir. »
Etre déterminée, découvrir ses passions et vouloir continuellement apprendre et découvrir
Après son bac et malgré d’excellents résultats scolaires, sa maman décide qu’elle n’ira pas à l’université pendant un an parce qu’elle veut lui apprendre la vie. « Rétrospectivement, je l’en remercie. C’est vrai, j’ai appris à cuisiner, à coudre, à tricoter, à broder, à gérer un budget et aussi et surtout savoir comment garder son mari » dit-elle
Marie-Claire a adapté ses ambitions professionnelles aux contraintes locales. Elle a travaillé à Kinshasa dans l’Immobilier et également dans les Relations Publiques. Ensuite, « Faute de pouvoir travailler, comme j’avais découvert l’Artquilt (patchwork contemporain) en Afrique du Sud, j’ai pu m’adonner à cette passion créative, assister à des workshops dans d’autres pays, exposer mes oeuvres et évoluer dans le milieu artistique. J’en ai aussi profité pour essayer de mieux saisir la culture africaine à laquelle je m’étais fort peu intéressée du fait que toute petite je m’en imbibais par osmose. J’ai étudié les plantes médicinales, les textiles africains, les pratiques de sorcellerie, le Reiki et l’hypnose ».
Au Congo, à 40 ans, elle reprend ses études à distance pour trois ans afin de devenir diététicienne. « Là, au niveau femme, je me sentais beaucoup, beaucoup mieux ! Je savais que si j’étais larguée, j’avais un métier en main. Autre chose que d’avoir ma machine à coudre dans mes bagages ! Pour moi, c’était extrêmement important. Je crois d’ailleurs que c’est important, surtout dans la carrière d’expat’, de ne pas être dépendante de son mari ».
« Par la suite, je n’étais que tolérée avec un visa de faveur, car je n’étais pas l’épouse de mon compagnon. Je n’ai donc jamais pu travailler officiellement. Un peu de clientèle privée au Niger.
A Kinshasa une pharmacienne m’avait ouvert son officine une après- midi par semaine, et je pouvais y avoir des contacts avec des clientes, pour des régimes amaigrissants. Kinshasa fait 50 kms en longueur, le téléphone n’y fonctionnait que quand les ouvriers n’avaient pas coupé la ligne en vue de recevoir le matabiche pour la rétablir. J’allais donc à domicile chaque semaine pour visiter mes clients. Puis du jour au lendemain, sous la menace d’être dénoncée, j’ai dû cesser mes activités.
A Johannesburg pour faire reconnaître mon diplôme j’aurais dû faire traduire tout le cursus. Impensable ! Sachant que même traduit il devait être approuvé par un traducteur juré et que le tout m’aurait coûté une fortune. Et c’est là que s’est arrêtée ma carrière de diététicienne. »
Par la suite, ne pouvant travailler Marie-claire a fait beaucoup de bénévolat ce qui n’est pas toujours apprécié si il n’est pas assorti de fonds . Elle a connu beaucoup de difficultés et de désillusions dans ses démarches et en a tiré la conclusion que si en quittant un pays elle estimait avoir pu être utile à une personne, c’était déjà un bon résultat.
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Apres deux maris qu’elle a quitté, c’est à 40 ans que Marie-Claire rencontre Bernard au Burundi. Dès leur première rencontre, elle lui demande ce qu’il pense si elle reprend ses études, il lui a répondu que c’était une excellente idée ! Marie-Claire est conquise. Ensemble depuis plus de 30 ans, elle me disait en souriant « C’est un homme absolument adorable, j’ai bien fait de chercher et de changer »
« Il y a une chose que je voudrais ajouter et qui me semble importante. Actuellement encore, quand je me trouve dans une assemblée, cocktail, marché ou autre, je me dirigerai automatiquement vers la marocaine ou l’africaine ou la philippine sachant qu’elles et moi nous sommes des expats. On se comprend, on a vécu les mêmes difficultés malgré notre différence de couleur, on peut en parler sans devoir s’expliquer. Il y a un lien entre nous qu’aucune politique française ou belge ne parviendra jamais à inculquer à ses compatriotes. »
Quelques idées que Marie-Claire estime importantes de connaitre :
- Les 3 conditions pour pouvoir travailler à l’étranger : l’obtention d’un visa, un contrat de travail, trouver un poste qui ne peut pas être rempli par une personne locale
- Ne pas chercher un emploi nécessairement dans sa branche
- Ne pas vouloir à tout prix s’intégrer
- Savoir gérer son budget
- Apprendre les salutations et les règles de base de la culture
- Respecter la culture, ne pas choquer, ne pas se sentir supérieur
- Aller se présenter aux Ambassades, aux centres culturels, à la chambre de commerce
- Explorer les marchés
- Faire toute la ville à pied
- Chercher le International Women’s club
- Ne pas attendre les ouvertures des autres, inviter
- S’inscrire dans un club sportif
- Etre toujours plus attirante pour le mari quand il rentre à la maison
- Ne pas penser à épargner pour après mais bien vivre le moment présent
- Apprendre à intégrer les produits locaux
- Quand quelque chose de culturel choque, essayer de comprendre. Je citerai l’exemple des mouches : quand vous voyez des mouches sur une table, vous pensez que c’est « dégoutant ». L’autre façon de le voir, c’est de ce dire que si elles sont là, c’est qu’il y a à manger ! »
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